La mine «abattue» du ministre de la Santé et des Services sociaux, Yves Bolduc, au moment d'annoncer qu'il acceptait les «recommandations» du Collège des médecins concernant les cliniques privées d'avortement et qu'il retirait les éléments réglementaires qui risquaient, prétend-t-on, d'obliger certaines cliniques à fermer leurs portes, a soulevé chez moi quelques réflexions, quelques questions?
Première question: un médecin nommé ministre de la Santé et des Services sociaux demeure-t-il soumis aux règles de sa profession durant l'exercice de son mandat politique? Si oui, n'y a-t-il pas risques de conflits d'intérêt au moment des négociations des règles salariales et des conditions de travail des médecins, généralistes ou spécialistes, dans les établissements du Réseau de la Santé et des Services sociaux?
La décision rendue publique par Yves Bolduc retentissait comme un ordre du président du Collège des médecins, lorsque qu'on écoutait et regardait les entrevues accordées. Contrairement au ministre Bolduc, le président Yves Lamontagne semblait en maîtrise de la situation!
Quelques semaines plutôt, le ministre Yves Bolduc rencontrait sur sa route le président de la Fédération des médecins spécialistes, le «poids lourd» Gaétan Barrette. Était-ce vraiment pour négocier la rémunération des médecins spécialistes? Ou n'était-ce pas plutôt pour réduire les délais d'attente de Gaétan Barrette sur la liste des chirurgies baryatriques!
Quelques jours plus tard, Yves Bolduc annonçait qu'une nouvelle salle de chirurgie était mise en opération à l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec (autrefois Hôpital Laval)..., afin de réduire la liste d'attente des personnes «souffrant» «d'obésité morbide»! Curieux hasard? Ou «bargaining power»?
Souvent, le milieu médical du Québec a dénoncé l'absence de médecin à la direction du Ministère de la Santé et des Services sociaux! Surtout sous le règne efficace de Marc-Yvan Côté!
Pourtant durant mon séjour dans la Fonction publique - et plus précisément durant 17 années au Ministère de la Santé et des Services sociaux -, j'ai vu passer, à la direction politique du ministère, deux psychiatres - Denis Lazure et Camille Laurin. Ensuite, un médecin-avocat - Pierre-Marc Johnson - futur ex-preminier ministre et un médecin administrateur international - Jean Rochon - dont les réformes ont été sabotés par un ministre des Finances obsédé autant par les citations latines que par le décisif «zéro».
Une première travailleuse sociale, madame Thérèse Lavoie-Roux, a fait avancer les programmes sociaux et ceux des femmes, malgré les jambettes de ses collègues à la Justice et à la Sécurité publique. Elle avait les coudés franches avec son Premier ministre.
Ce qui ne fut pas le cas de la travailleuse sociale Pauline Marois!
Marc-Yvan Côté a géré ce ministère de main de maître, avec autant d'efficacité qu'il le faisait pour une caisse électorale ou une organisation électorale! Au cours de cette période, une brève intermède: Guy Chevrette - qui a tenté de faire flèche de tout bois - et qui est maintenant retourné à ses origines: dans le bois et la forêt. Durant la brève carrière du premier ministre Daniel Johnson «fils», une gestionnaire des biens des itinérants est passé en sourdine avant de faire une sortie vers Ottawa, Martine Robillard!
Et, la suite, vous la connaissez?
Jean Melançon
